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Geheime StaatsPolizei (Gestapo)

Geheime StaatsPolizei (Gestapo)

La Gestapo était la police secrète de l'État nazi.Le terme "Gestapo" est un acronyme qui dérive de l'allemandGeheimstaatspolizei , ou police d'État secrète. Avec laSicherheitsdienst (SD), Kriminalpolizei (Kripo) et Ordnungspolizei(Orpo), la Gestapo forme une partie importante de la vaste organisation de la police nazie. Il était chargé de lutter contre le contre-espionnage et les actions criminelles contre l'État et le parti nazi.

En tant que tel, il était un élément vital à la fois dans la répression nazie et l' Holocauste. Cette force policière était différente des autres en ce sens qu'elle ne répondait à aucun contrôle judiciaire ou juridique. Il pourrait mener des actions particulièrement impitoyables sans crainte de répercussions civiles.

La Gestapo fut officiellement créée le 27 avril 1933 par Hermann Göring , qui combinait l'Etat et la police politique dans le plus grand et le plus puissant des États allemands, la Prusse. La loi l'établissant décrivait sa mission: «assurer la lutte efficace contre toutes les tentatives visant l'existence et la sécurité de l'Etat».

Dans le cadre de la consolidation du pouvoir nazi, toutes les forces de police allemandes ont été combinées. En 1934, la Gestapo était dirigée par le chef SS Heinrich Himmler ; il est devenu une agence nationale à la suite des lois de la Gestapo de 1936, avec Himmler nommé chef de la police allemande. Auparavant en Allemagne, il n'y avait pas d'organisation policière nationale. Chaque état avait eu le sien. Himmler, par exemple, avait établi sa propre version de la Gestapo en Bavière en 1933

L'Allemagne, comme de nombreux pays d'Europe, a une longue histoire de police politique remontant à la période impériale. Il a utilisé des tactiques de surveillance et de coercition contre des mouvements et des individus qu'il jugeait hostiles à l'État ou qui constituaient une menace pour l'ordre établi. Ainsi, la Gestapo a fait preuve d'une grande continuité avec la police allemande en matière de personnel et d'organisation. Cette continuité reflète également le concept de Gleischaltung (la synchronisation des organisations allemandes avec l'Etat nazi). Le policier autrichien Heinrich Müller est devenu le leader le plus connu de la Gestapo.

Pendant que Göring organise la Gestapo en Prusse, Heinrich Himmler prend petit à petit le contrôle des polices des autres états allemands : en mars 1933, il est nommé préfet de police de Munich, puis, un mois plus tard, président de la police de Bavière ; dans les mois qui suivent, il prend le contrôle des polices de Hambourg, du Mecklenbourg, de Lübeck, de la Thuringe. Au printemps 1934, il dirige toutes les polices allemandes à l'exception de la Prusse. Sorti vainqueur d'une lutte pour le pouvoir qui l'oppose à Kurt Daluege, le protégé de Wilhelm Frick , Himmler unifie toutes les polices allemandes dès sa nomination à Berlin et étend le champ d'action de la Gestapo à toute l'Allemagne ; à la tête du service central de la Gestapo, il nomme son plus proche adjoint, Reinhard Heydrich, déjà responsable du SD.

Heydrich prend comme adjoint à la direction de la Gestapo un ancien membre de la police criminelle de Munich sous la République de Weimar, Heinrich Müller, qui s'était notamment illustré dans la lutte contre les communistes. Le 17 juin 1936, Himmler est nommé chef de toutes les polices allemandes (Chef der Deutschen Polizei) ; il contrôle l'Ordnungspolizei de Kurt Daluege et la Sicherheitspolizei, qui regroupe la Gestapo et la Kriminalpolizei(KRIPO) , dirigée par Arthur Nebe. La SIPO est chargée de lutter contre les ennemis de l'État : la KRIPO poursuit « les individus qui par la suite de dégénérescence physique ou morale sont séparés de la communauté populaire et qui violent, dans leur intérêt particulier, les dispositions prises pour préserver l'intérêt général », la Gestapo s'occupant « des individus qui, comme mandataires des ennemis du peuple allemand national-socialiste, veulent détruire l'unité nationale et anéantir la puissance de l'État. » Le 22 septembre 1939, la SIPO est incorporée, avec le SD, au Reichssicherheitshauptamt, placé sous la direction de Heydrich, puis de Ernst Kaltenbrunner.


La Gestapo se distinguait des autres corps de police en ce qu'elle fonctionnait non seulement comme une force de police, mais comme une force inséparable du parti nazi, avec un mandat d'agir en dehors de la loi ou du contrôle judiciaire pour combattre une activité légale jugée inacceptable par le Parti.

Éliminer toute résistance potentielle à la prise du pouvoir par Hitleren 1933 fut l'une des premières tâches de la Gestapo. Les officiers de la Gestapo ciblaient principalement les ennemis politiques des nazis, tels que les communistes, les sociaux-démocrates, les libéraux et d'autres cibles, mais pas les Juifs au départ.

L'une des armes les plus efficaces de la Gestapo était Schutzhaft ou «garde protectrice». Contrairement à son utilisation dans les pays démocratiques où un témoin ou un autre individu est placé en détention pour le protéger d'une menace réelle, les nazis utilisent le concept très différemment. Parce que les ennemis de l'Etat étaient tellement haïs, soutenaient-ils, il était nécessaire de les garder en détention préventive pour les protéger de la colère des bons citoyens allemands.

Cette logique tordue a permis au pouvoir de la Gestapo d'arrêter des individus et de les détenir indéfiniment dans des camps de concentration comme Dachau sans jamais les accuser ni leur donner une audience judiciaire. À la fin de l'été 1933, environ 100 000 Allemands avaient été emprisonnés et 500 à 600 personnes avaient été tuées.

Le pouvoir répressif de la Gestapo dépasse de loin ses effectifs. En 1944, il n'en employait que 32 000, dont 18 500 étaient réellement impliqués dans la «police». Il maximisait ces petites ressources grâce à des informateurs et à un grand nombre de dénonciations de la part de la population locale.

Au niveau national, la Gestapo s'est concentrée sur l'élimination des organisations qui s'opposaient au régime, les accusés de résistance, les «charges morales» traitant des relations non autorisées avec les «inférieurs» raciaux et toutes les formes de «non-conformité».

Avec son incorporation dans le bureau principal de la sécurité du Reich de la SS (RSHA), la Gestapo est devenue le département IV et était une partie officielle de l'appareil qui a effectué l' Holocauste .Les bureaux de la Gestapo ont été établis à travers l'Europe occupée par les nazis. À partir de ces bureaux, les responsables de la Gestapo ont aidé les SS, les autorités d'occupation militaire et les administrateurs civils nazis à rassembler et expulser les Juifs et à neutraliser les résistants. En outre, la Gestapo a maintenu des bureaux dans les camps de concentration.

Des hommes de la Gestapo de niveau inférieur ont été assignés aux tristement célèbres Einsatzgruppen (unités de tueries mobiles) qui ont tué plus de 1,5 million de Juifs dans l'Union soviétique occupée.En outre, le lieutenant-colonel SS Adolf Eichmann , responsable de la coordination de la déportation massive des juifs européens vers les centres de massacres , a dirigé la section IVb4 de la Gestapo. Dans presque toutes les circonstances, la Gestapo a travaillé en étroite collaboration avec la police de sécurité, le SD, ainsi qu'avec les dirigeants SS et militaires locaux pour détruire la résistance au régime et faciliter la politique antijuive.


 


Dirigée de 1935 à 1945 par Heinrich Müller, la Gestapo est organisée en 6 départements (en allemand Amt, au singulier), qui comportent plusieurs sections. La plus connue d'entre elles, la section B4, dirigée par Adolf Eichmann, sera le principal organisateur de l'extermination des Juifs d'Europe.

Amt A : adversaires du nazisme

  • 1. Communistes, marxistes et organisations apparentées, propagande illégale ou hostile

  • 2. Contre-Sabotage et mesures de sécurité générale

  • 3. Réactionnaires, libéraux, légitimistes, émigrés

  • 4. Service de sécurité, prévention des attentats

  • Amt B : églises, sectes religieuses, Juifs et francs-maçons

  • 1. Catholicisme politique

  • 2. Protestantisme et sectes

  • 3. Autres églises et francs-maçons

  • 4. Juifs

Amt C

  • 1. Fichier central, gestion du personnel, surveillance des étrangers

  • 2. Internements de protection

  • 3. Presse et publications

  • 4. Affaires du parti

Amt D : territoires occupés et travailleurs étrangers en Allemagne

  • 1. Protectorat et Tchécoslovaques résidant dans le Reich

  • 2. Gouvernement général et Polonais résidant dans le Reich

  • 3. Ennemis de l'état étrangers

  • 4. Territoires de l'Ouest : Pays-Bas, Belgique, France, Luxembourg, Alsace, Lorraine, Norvège, Danemark

Amt E : Contre-espionnage

  • 1. Problèmes généraux et contre-espionnage dans les usines du Reich

  • 2. Problèmes économiques généraux

  • 3. Pays de l'Ouest

  • 4. Pays nordiques

  • 5. Pays de l'Est

  • 6. Pays du Sud

Amt F

  • 1. Police des frontières

  • 2. Passeports

  • 3. Cartes d'identité

  • 4. Police des étrangers

Amt P : Relations avec les polices étrangères

  • Referat N (1941) : centralisation des renseignements


 


 

Au travers de l'appareil du parti nazi, du Gauleiter au Blockleiter, la Gestapo dispose en Allemagne, « de dizaines de milliers d'oreilles et d'yeux attentifs. » Si le rôle réel de la Gestapo dans l'incendie du Reichstag est controversé, elle est bien au centre la la préparation de la nuit des longs couteaux. Elle contribue à monter le dossier du faux complot de Ernst Röhm contre Adolf Hitler et à rédiger la liste des personnes à assassiner ; elle participe également aux meurtres et commet notamment ceux de Herbert von Bose, de Kurt von Schleicher et de son épouse et de Erich Klausener. Désormais indépendante, la SS peut mener à bien sa besogne. Le parti nazi étant reconnu parti unique, la Gestapo continue à traquer sans relâche les opposants politiques, en particulier les membres du KPD. De même, ceux qui n'entrent pas dans l'idéal du parti que les nazis appellent la Volksgemeinschaft (la communauté du peuple), sont rapidement repérés et interceptés.

On commence alors à s'intéresser aux minorités en particulier aux Juifs. Le parti va mettre à la disposition de la Gestapo une base légale pour multiplier les arrestations : le 19 septembre 1935, sont votées les lois de Nuremberg dans lesquelles il est disposé que tout mariage entre juifs et allemands est strictement interdit. Un climat général de terreur s'est installé en Allemagne. Alors que la police apparaît lors des films de propagande comme proche du peuple, les dénonciations se multiplient. Durant l'été 1936, Himmler est nommé Chef der Deutschen Polizei (chef de toutes les polices d'Allemagne) mais c'est Heydrich, son bras droit qui la dirige véritablement. En outre, le ministère de l'Intérieur possède encore un contrôle important. Les intellectuels SS ont un rôle de plus en plus déterminant au sein de la machine nazie à partir de la fin des années 1930. Werner Best, juriste et technocrate SS, est l'un d'eux.

Il assiste Heydrich à la tête de la Gestapo jusqu'en 1940. Franz Six est quant à lui le concepteur du Gegnerforschung (section de la Gestapo qui traque les ennemis du Reich) et recruté par Heydrich au sein du SD. En 1938, suite à l'Anschluss, les dirigeants de la gauche autrichienne sont arrêtés. L'année suivante, la Gestapo établit une liste des opposants tchèques à supprimer.


 

Les oppositions grandissent contre la brutalité du régime policier. L'association de la Rose blanche, dirigée par Sophie et Hans Scholl, critique la boucherie de Stalingrad ainsi que les déportations. Dénoncés, ils sont arrêtés par la Gestapo puis décapités le 22 février 1943 près de Munich. La police secrète traque les auditeurs des radios étrangères, dont l'usage est strictement interdit, reconnu comme un acte de trahison. Les amateurs de musique américaine (jazz et swing) sont également pourchassés puisque le régime n'autorise pas l'écoute de la "musique nègre".

Enfin, les mariages mixtes sont analysés au peigne fin. À Francfort, Heinrich Baab ordonne l'arrestation des Juifs mariés avec des Aryens : la ville va connaître des dizaines de milliers d'arrestations (1941-1943). Au mois d'août 1943, Himmler est nommé Reichs-und Preussischer Minister des Innern (Ministre de l'Intérieur) : il est désormais le maître incontesté du régime policier allemand.


 

À l'Est

Au cours de l'année 1939, les dirigeants de la Gestapo forment leurs hommes à une prochaine entrée en guerre. Müller coordonne l'opération Tannenberg qui sera un prétexte pour attaquer sans scrupule la Pologne en septembre.

Le 4 juin 1942, Heydrich décède suite à un attentat à Prague. Cet événement intensifie la violence et les arrestations. Himmler reprend provisoirement la direction du RSHA jusqu'en janvier 1943, période à laquelle Ernst Kaltenbrunner lui succède. En représailles à la mort, près de la capitale tchèque, les SS et la Gestapo rasent de la carte le village de Lidice en fusillant tous les hommes et en déportant les femmes et les enfants.

En Pologne, par exemple à Lublin, le chef de la Gestapo, Oswald Gudenlach fait assassiner des dizaines de milliers d'innocents et organise une gigantesque rafle antijuive entre le 3 et le 4 novembre 1943, plus de 43.000 personnes sont assassinées.

À l'Ouest

À Paris, c'est l'Obersturmbannführer Kurt Lischka qui dirige la Gestapo à partir de l'automne 1940 en s'installant rue des Saussaies (8e arrondissement). Le président du Conseil français, Pierre Laval, se met d'accord avec les nazis pour mener efficacement l'arrestation des Juifs par la police française : au total 80 000 Juifs français sont déportés.

En France, elle a aussi la charge de parfois contrôler et censurer le courrier (travail généralement assuré par la Wehrmacht) : elle appose sur les plis contrôlés un cachet rond où figure la légende "Geheime Staatspolizei" avec au centre l'aigle allemand à croix gamée.


 

Entre l'automne 1939 et le printemps 1940, Hitler veut gagner la guerre au plus vite. Il ordonne l'élimination de 70 000 personnes par les Einsatzgruppen (commandos SS) en Europe de l'Est en particulier en Ukraine et en Biélorussie. Les unités SS et la Gestapo prêtent main forte à ces unités mobiles pour exterminer les hommes en âge de combattre. Avec la réquisition des moyens de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), c'est notamment au sein de la Gestapo dans le service IV.B.4 dirigé par Adolf Eichmann, que sont organisés tous les transports de prisonniers vers les camps de concentration. C'est également elle qui procède aux arrestations des Juifs - qui, désormais doivent porter l'étoile jaune - et des opposants politiques en Allemagne et dans les territoires conquis.

Le 31 juillet 1941, Heydrich établit un plan pour l'élimination des Juifs à "grande échelle" : l'opération Reinhard. L'objectif est de planifier l'extermination de 2 millions de Juifs polonais. Durant l'automne, Himmler ordonne sa mise en place. Le 20 janvier 1942, Müller est présent à la conférence de Wannsee, durant laquelle on coordonne la Endlösung (Solution finale). Le projet est diffusé au sein de la Gestapo, auxiliaire incontournable de sa mise en place. Heydrich veut faire de ses policiers non plus les modèles de la Volksgemeinschaft, mais "des policiers politiques", véritables acteurs de la Solution finale.

La Gestapo fonctionne sans aucun tribunal et décide elle-même des sanctions à appliquer. Elle s'est rendue célèbre, en Allemagne d'abord, puis dans toute l'Europe occupée, par la terreur implacable qu'engendrent ses procédés. Elle incarne l'arbitraire et l'horreur des forces nazies. La Gestapo est une police des esprits, ayant des informateurs dans toutes les couches sociales de la population. Aux policiers allemands ou aux 1 500 policiers présents sur le territoire français, s'ajoutent 40 000 auxiliaires d'origines diverses, y compris le grand banditisme.

En avril 1942, Himmler obtient d'Hitler que les pouvoirs de police soient transférés des militaires au général de police SS Karl Oberg. La Gestapo peut alors appliquer à la France les méthodes employées en Allemagne et dans les autres territoires occupés. Dès le 10 juin, le pouvoir central nazi lui recommanda d'utiliser la torture lors des interrogatoires pour arracher des aveux et des informations aux prisonniers récalcitrants. C'est le cas notamment du chef de la Gestapo à Lyon, Klaus Barbie qui sera le bourreau de Jean Moulin.


 

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