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La situation et les attitudes des Polonais sous occupation allemande

Dès les premiers jours de la guerre, la population polonaise se trouva dans une situation très difficile tant sur le territoire incorporé au IIIe Reich que sur celui du Gouvernement général. La politique de l’occupant allemand visait à éliminer l’élite intellectuelle et dirigeante et la nation polonaise dans le but d’asservir, exploiter au maximum et germaniser le reste de sa population. La terreur était massive et généralisée. La vie quotidienne des Polonais durant la guerre était marquée par les exécutions, les expulsions, les arrestations, les rafles et les déportations dans les camps

Dans les villes, l’alimentation était rationnée – les rations alimentaires délivrées à la population contre des bons d’approvisionnement couvraient à peu près un tiers des besoins journaliers d’un homme. A la campagne, les contingentements étaient de rigueur – il s’agissait de livraisons obligatoires et régulières de certains quantités de produits agricoles (les agriculteurs qui manquaient à cette obligation étaient passibles de sérieuses répressions, y compris de la peine de mort). La baisse de la valeur réelle de la monnaie et les difficultés pour trouver un emploi furent à l’origine de l’appauvrissement de la plupart des Polonais et des difficultés quotidiennes à s’assurer les denrées de base

.La Pologne fut l’un des rares pays de l’Europe occupée où l’aide apportée aux Juifs était officiellement punissable de mort. Etaient punissables non seulement ceux qui les aidaient activement (en leur procurant un abri, en leur apportant ou vendant de la nourriture par exemple) mais également ceux qui avaient connaissance de leur cachette et n’en informaient pas les autorités allemandes. Il n’était pas rare que dans de tels cas, le principe de la responsabilité collective soit appliqué – la mort attendait non seulement la personne ayant secouru un Juif, mais également sa famille ou ses voisins. Il faut bien comprendre que ce sont des gens ordinaires, souvent anonymes qui prirent le risque de venir en aide aux Juifs sur seule injonction de leur conscience ! Il est important de rappeler que les Polonais furent les plus nombreux (plus de 6 000) à recevoir la médaille des Justes parmi les Nations du Monde. Les estimations contemporaines indiquent que les Juifs polonais qui furent victimes de l’Holocauste furent au nombre d’environ 2,9-3 millions, tandis que le nombre de rescapés va de 30 000 à 35 000.

L’extermination totale de la population juive en Pologne durant l’occupation ne mit pas fin aux préjugés à l’égard des Juifs répandus avant la guerre dans certains milieux de la société polonaise. L’occupant essayait habilement d’alimenter ces attitudes hostiles en se servant d’une propagande anti-juive à grande échelle mais également d’un système de gratifications pour la capture des Juifs fugitifs ou cachés. Une partie des Polonais exigeait de l’argent en échange d’une cachette (en polonais, on appelle vulgairement « szmalcownicy » les personnes qui réclamaient aux Juifs, ou aux Polonais qui les aidaient, une contrepartie de leur silence) ou les livraient à la Gestapo. On note également des cas de meurtres de Juifs cachés ou en fuite (guidés le plus souvent par la peur de voir les autorités allemandes les découvrir) ou de voisins malveillants. Quelques fois, seul le désir d’enrichissement est à incriminer. Les autorités de l’Etat polonais clandestin considéraient tous les cas de genre comme des actes de collaboration (trahison) et, comme tels, les punissaient sévèrement.

A l’échelle mondiale, la création de structures civiles secrètes très développées en plus des structures de l’armée clandestine fut un évènement exceptionnel. Dans Varsovie occupée, leur plus haut représentant, qui reconnaissait le gouvernement qui se trouvait en exil à Londres durant la guerre, était le Délégué du Gouvernement au Pays (Delegat Rządu na Kraj). Fonctionnaient une administration clandestine (avec de nombreux départements responsables de différents domaines de la vie publique, à l’image de ce qui existait en temps de paix) et un système de justice. Des périodiques et des livres clandestins étaient publiés et un système d’enseignement clandestin était organisé. Les structures militaires et civiles dans le pays occupé formaient ensemble l’Etat polonais clandestin (Polski Państwo Podziemne). Jamais les Allemands ne parvinrent à le détruire.

L’occupant tenta de développer une politique de germanisation sur les territoires polonais incorporés au Reich en créant notamment la Deutsche Volksliste (Liste nationale allemande, Niemiecka Lista Narodowościowa). Cette liste classait les habitants de cette zone en quatre groupes. Les deux premiers groupes étaient réservés aux Allemands ethniques qui se déclaraient d’origine allemande et œuvraient au profit de l’Allemagne. Les Polonais pouvaient être admis dans les deux autres groupes si les autorités allemandes considéraient qu’ils pouvaient être germanisés. La forte pression exercée par l’occupant allemand (surtout en Haute-Silésie et en Poméranie), associée à un large éventail de moyens de répression en cas de refus, poussa un nombre relativement important de Polonais à adopter la Deutsche Volksliste, ce qui impliquait presque toujours l’enrôlement dans la Wehrmacht ou le service obligatoire dans d’autres formations militaires allemandes.



 

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